Missak de Didier Daeninckx.
Cela fait quelques semaines que je laisse mon blog à l'abandon...Pourtant, j'ai lu quelques livres durant le mois de novembre comme le Dahlia Noir de James Ellroy ou les tomes 5, 6 et 7 de Murena ("le cycle de l'épouse") dont j'aurai l'occasion de reparler.
Mais place aujourd'hui à mon billet sur Missak de Didier Daeninckx aux éditions Perrin. Reçu la mois dernier grâce à l'opération Masse Critique de Babelio, que je remercie, ce livre m'intriguait de par son sujet : la lettre à Mélinée, le poème d'Aragon et, malheureusement, l'Affiche rouge, ont contribué à faire de Missak Manouchian un personnage mythique sur lequel j'étais curieuse d'en apprendre davantage. En revanche, je ne connaissais que de nom l'auteur du livre, Didier Daeninckx.
Au final, j'ai débord été très enthousiaste. On suit avec plaisir, dans un premier temps, les aventures de Louis Dragère, journaliste à L'Humanité, missionné en janier 1955 par le parti communiste pour retracer le parcours du héros de la Résistance. En outre, Didier Daeninckx s'est sérieusement documenté : Louis Dragère est ainsi passionné de cinéma, et les films qui passaient à l'époque sont ainsi évoqués, voire critiqués. Concernant l'enquête proprement dite, Louis Dragère est amené à rencontrer successivement Louis Aragon, le peintre Krikor Bedikian, Charles Tillon ou encore Henri Krasucki, et Daenickx parvient à faire revivre une époque.
Mais malheureusement, je n'ai pas pu ne pas ressentir une impression d'essoufflement au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture. De fait, les entretiens se succèdent, de café en restaurant, repas après repas, Louis Dragère en apprend toujours plus sur son parti politique ou sur la communauté arménienne pendant la Seconde guerre mondiale, mais le discours narratif finit par ployer sous le contenu informatif. Certes, on apprend des choses, mais au détriment de l'aspect purement dramatique. J'aime que la fin d'un livre, sa chute, soit ce qui me marque le plus. Ici, au contraire, le dénouement reste dans le prolongement, sans envolée lyrique... On dénombre même plus de trente noms propres sur l'avant-dernière page du livre. De fait, sur la dernière page, on peut lire l'extrait des strophes pour se souvenir" de Louis Aragon :
"Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline..."
Et l'on se dit alors que Daeninckx a su faire revivre le résistant, l'homme engagé, mais non le poète. Un livre instructif, en somme, mais qui manque cruelllement de souffle épique. Je suis restée sur ma faim.