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Délivre des mots

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3 juin 2014

L'assassin qu'elle mérite de Lupano et Corboz

assassin   Si vous avez l'occasion d'aller au festival de la BD d'Amiens ce week-end (7-8 juin 2014), ne manquez pas l'exposition sur l'oeuvre de Yannick Corboz. Je l'ai découverte aujourd'hui, et, dans la foulée, j'ai acheté les trois premiers tomes de la série L'assassin qu'elle mérite. Après avoir lu le premier tome, "I - Art nouveau", j'ai dévoré le deuxième puis le troisième...mais comme il vient de sortir (mars 2014), il ne me reste plus qu'à attendre patiemment la sortie du quatrième volume.

     Le titre m'intriguait. La couverture me faisait craindre que l'histoire ne soit qu'érotique. Mais la citation d'Oscar Wilde mise en exergue est vraiment  bien choisie : "Tuer est une faute. Il ne faut jamais rien faire dont on ne puisse parler après le dîner." On est ici dans un univers qui m'a rappelé le Portrait de Dorian Gray : l'homme transformé en oeuvre d'art. En l'occurrence, nous sommes plongés dans la Vienne de 1900, avec ses maisons closes et ses artistes. Victor, un jeune homme pauvre, dont le père est violent, se retrouve le pantin de deux noceurs cyniques qui tentent une expérience : "créer de toutes pièces un ennemi de la société à partir d'un être innocent !"

      A partir de là, on s'en doute, l'étau se resserre. Mais autour de qui ? De Victor ou de la société qui l'a fabriqué, façonné et qui en a fait son propre ennemi ? Ce premier tome met en place le duel à venir entre Alec, le riche désabusé, Pygmalion provocant, et sa marionnette déjà prête à se révolter contre l'ordre établi.

     Pour ma part, j'ai adoré : un scénario digne des romans d'apprentissage du dix-neuvième siècle avec un zeste de libertinage, une histoire de vengeance que l'on devine en filigrane, des caractères bien dessinés. Les illustrations, réalistes, font revivre la Belle Epoque entre son luxe tapageur et sa misère sociale. Pris entre ces deux mondes, Victor découvre à la fois le monde de la prostitution et la musique de Gustav Mahler. Le personnage est arraché à son cadre de vie, à sa famille, et en devient si déboussolé qu'il lui est impossible de revenir en arrière...

     Suite au prochain numéro ! ^^
     Mais j'essaierai de ne pas "spoiler" dans ma chronique du deuxième volume.

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1 juin 2014

Les Tchouks - On a fait une cabane ! de Benjamin Richard et Kerascoët

9782369810506_cg Cela fait plusieurs mois que j'ai envie d'évoquer les albums jeunesse sur mon blog, hormis les miens pour ne pas être juge et partie et ne pas faire concurrence à mon autre blog.

   Je vais commencer en parlant des Tchouks. Chaque soir, depuis une semaine, ma fille (qui va avoir 4 ans) me réclame l'histoire de Tchoukrik le lapin qui décide, avec ses copains, de construire une cabane. Le style me rappelle le petit Nicolas. On a essayé de comprendre quel Tchouk raconte l'histoire : impossible. Mais ça n'empêche pas la compréhension. Sur la première double page, les vingt Tchouks sont dessinés et ma fille a une préférence pour Tchoukidou, qui n'apparaît pourtant pas dans l'histoire.

   Trois personnages ont plus d'importance que les autres : Tchoukrik, Tchougris (qui veut être ingénieur quand il sera grand et dessine les plans de la cabane...a posteriori) et Patatchouk, le râleur, qui passe son temps à rouspéter. Les personnages sont dessinés de façon assez simpliste, avec de bonnes bouilles sympathiques. En revanche, les éléments du décor sont plus élaborés, qu'il s'agisse de l'arbre, des différentes habitations (on peut expliquer ce qu'est un tipi, un château, un immeuble...), de la grande bâtisse que quittent les Tchouks au début de l'histoire ou du petit pont qu'ils traversent. C'est frais, coloré, sympathique.

   Je ne connaissais pas la maison d'édition "Rue de Sèvres" mais c'est une extension de l'Ecole des Loisirs, sa section "Bande dessinée". Pourtant, il n'y a pas aucune bulle dans les Tchouks. Je ne trouve pas que ce soit une bande dessinée, mais un album avec un Tchouk-narrateur et un univers strictement enfantin, aucun personnage d'adulte n'étant présent.

   J'ai déjà commandé le deuxième tome. On a vu que Tchoukidou est sur la couverture et ma fille est pressée de faire sa connaissance. Je pourrai lui lire une autre histoire de Tchouks... mais comme je suis étonnée des avis parfois très négatifs sur Babelio alors qu'ici, l'album a été lu, réclamé, relu et re-relu, je prends plaisir à le chroniquer ici et à le conseiller.

21 mai 2014

Nouvelles sous antalgiques de Joanne Richoux

270428JR    Ayant suivi les aventures éditoriales de Joanne sur le site des Jeunes écrivains, et dans la mesure où nous avons désormais le même éditeur, j'avais forcément envie de chroniquer son recueil de nouvelles sur mon blog.

                      Après ma lecture, je suis définitivement fière d'avoir le même éditeur que Joanne Richoux : Hugues Facorat. J'ai en effet dévoré les treize textes qui composent son recueil. C'est frais, léger, pétillant.

     J'ai forcément mes nouvelles préférées : "Adrénaline", "Lettre à Amour", "Les monkey girls" et surtout "Au gré des vitesses", qui se présente d'abord comme une banale histoire de covoiturage pour acquérir la profondeur d'une belle leçon de vie. On entend le plus souvent tinter une petite musique triste. Derrière la grossièreté de surface se cachent les maux des protagonistes.

      En quelques pages sont ainsi croqués toute une série de personnages. Les narrateurs, qui s'expriment tous à la première personne, sont variés : de la blonde au miroir de poche, de l'étudiant aux Beaux-Arts à la chatte espagnole. Ils nous révèlent à chaque fois un pan différent de réalité, expriment un regard le plus souvent sans illusion sur le sexe, l'alcool et l'amour. Ils semblent chanter des lendemains de fête qui n'en sont plus.

     Le registre se veut tantôt familier, tantôt courant, avec un beau sens de la formule. J'ai d'ailleurs trouvé excellente l'idée des citations sur la quatrième de couverture, qui trouvent chacune leur place dans une des nouvelles. Il manque, à mon humble avis : "Je suis née vieille et désabusée, il mourra immaculé." Je l'y aurais bien vue aussi.

      Le recueil se termine sur deux nouvelles un peu particulières. L'une, "Petit dico amoureux pour garçons gogols" , est un petit exercice de style plutôt marrant, un dictionnaire portatif sans prétention sur les relations hommes / femmes. L'autre est un récit autobiographique qui clôt le recueil sur un retour au Je alors qu'il s'ouvrait en nous présentant un petit miroir de poche. 

      Bref, un recueil qui se veut sans prétention, que j'aurais cru sympa, sans plus, mais qui est définitivement une belle surprise !


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14 mai 2014

La confession impudique de Junichirô Tanizaki

la-clef-la-confession-impudique  Comme je l'avais écrit dans mon précédent billet, la lecture du Tour de la prison de Marguerite Yourcenar m'a donné envie de découvrir l'oeuvre de Tanizaki.

 

  Première lecture hier soir : la confession impudique (196 pages). Un 1er janvier, un professeur d'université, âgé de cinquante-six ans, décide qu'il abordera désormais le sujet jusqu'alors tabou de sa vie conjugale et sexuelle à l'intérieur de son journal intime. Il ignore si sa femme le lit ou non. Il la décrit comme un personnage "fureteur", "sournois", mais également corseté dans son sens des convenances. A quarante-cinq ans, Ikuko a toujours été une parfaite fidèle et dévouée mais "elle possède un organe absolument exceptionnel". Mi-épouse parfaite, mi-prostituée sur laquelle son époux fantasme, la femme est d'emblée présentée comme une créature ambivalente. Dans le doute, mais voulant toutefois être lu sans qu'il le sache, le mari met la clef du tiroir fermé de son bureau bien en évidence devant sa bibliothèque. On découvre alors le journal intime d'Ikuko, qui poursuit le jeu initié par son époux. A partir de là, le "dialogue" entre dit et non-dit devient assez captivant puisque j'ai lu cette double narration diariste d'une traite.

   Au début, le mari, qui s'instaure marionettiste de sa propre femme, semble dominer la situation. Il saoûle sa femme et la photographie, nue, alors qu'il la sait pudique. Mais l'est-elle vraiment ou simule-t-elle l'évanouissement ? La jalousie stimulant la libido du mari, ce dernier se complaît à tisser une intrigue entre son futur gendre, M. Kimura, et sa femme. Un quatrième personnage entre alors en scène : Toshiko, la fiancée lésée, jalouse de labeauté d'Ikuko et surtout furieuse de voir que son père orchestre une relation entre sa propre mère et celui qu'elle devait épouser...Liaisons dangereuses en famille. On a la version des parents, jamais celle de leur fille dont on ignore jusqu'à la fin les motivations ou les sentiments. "A l'idée que sont impliqués ainsi quatre êtres aussi sournois, j'en reste sans voix. L'ironie du sort veut que ces quatre-là, tout en se trompant les uns les autres, unissent en fait leurs forces pour atteindre un objectif commun." (p.101)

    Au delà de l'érotisme et du jeu souvent malsain entre les protagonistes, unis par le sexe, la maladie et la volonté de donner la mort ou de dépraver, on peut aussi être sensible à l'évocation du Japon oscillant entre traditions et occidentalisation. Ikuko, "née dans une vieille famille de Kyôto", mariée depuis vingt ans à un homme qui l'idôlâtre mais qu'elle n'aime pas, ce qu'elle ignore, découvre sa propre féminité en même temps qu'elle change son aspect vestimentaire, troque le kimono pour la veste en tweed, se pare de boucles d'oreilles. M. Kimura, l'amant, est tout de suite comparé à James Stewart. Le huis-clos reproduit sans doute à échelle humaine les interrogations de l'auteur quant à son pays. Les derniers mots, significativement, sont "afin de sauver les apparences". Mais la cellule familiale et sociale est manifestement en crise.

   Je suis toutefois un peu déçue que cette plongée dans le Japon des années 60 ne soit pas facilitée par l'édition Folio : aucun appareil critique, aucune note. J'ai souvent dû regarder sur Google, notamment quant à la gastronomie japonaise : "l'un des fruits préférés du malade, des iyokan", "du karasumi", "du yuba, du fu", "les funazushi que ma femme a ramenés hier du marché de Nishiki"... Une carte et un lexique n'auraient pas été superflus.

11 mai 2014

Le tour de la prison de Marguerite Yourcenar

783052 Parfois, de la lecture d'essais naît l'impression d'un dialogue. C'est particulièrement vrai pour Montaigne... Mais lire Marguerite Yourcenar permet le même "commerce", cet "art de conférer" dont on sort grandi. Les quatorze textes réunis dans Le Tour de la prison présentent un voyage dans "le labyrinthe du monde" structuré autour de l'évocation du Japon. Récits et descriptions s'articulent autour d'une réflexion sur le temps et sur l'homme.

Difficile de rendre compte d'une oeuvre à la fois si parcellaire et si dense.
Tout commence avec "Bashô sur la route", texte qui, à travers la redécouverte des haïkus, propose une célébration de "l'éternité de l'instant". L'évocation de Bashô se  mêle à celle de sa poésie, voire de toute poésie, avec un vrai sens de la formule : "Cet homme en marche sur la terre qui tourne [...] est aussi comme nous tous en marche au-dedans de lui-même."

Il y a un aspect philosophique dans ce recueil de deux cents pages, à la fois art de vivre et art de mourir. Au crépuscule de sa vie, l'écrivain inscrit en dédicace une formule extraite de L'OEuvre au Noir : "Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait le tour de sa prison ?" Elle cherche ensuite comme l'alchimiste Zénon l'or du monde sous le plomb de la modernité : "produits déjà abâtardis", "le tourisme écrème le monde". Il faut "marcher sur le monde comme sur un livre ouvert." La forme du livre fait corps avec son fond, "voyages dans l'espace et dans le temps" qui trouvent leur couronnement dans une évocation de Baudelaire, poète mystique par excellence, contempteur du voyage mais célébrant le "final départ".

Si la mort et les voyages sont les deux thèmes-clefs de l'oeuvre, s'enchevêtrant l'un l'autre, la découverte du Japon en forme le troisième point d'ancrage.

Quatre textes s'en éloignent toutefois. C'est le cas pour l'évocation de San Francisco, dans "Bleue, blanche, rose, gaie", qui s'achève sur la métaphore du "séisme" "toujours à craindre". "L'eau et l'air éternel" décrit les croisières pour aboutir à la description de ce qu'on appelle en Chine la "pierre de rêve". Enfin, "D'un océan à l'autre" et "L'Italienne à Alger" sont deux relations vers l'Alaska et le Canada : Vancouver, les élans, les âpres Rocheuses, les chiens de prairie. Mais outre cet exotisme, je  retiens les anecdotes qui parsèment ces relations de voyage, à l'image de cette femme anonyme emportée par une lame de fond selon un article de Life et sur laquelle Marguerite Yourcenar conclut : "J'y pense encore. A l'heure qu'il est, je suis peut-être la seule personne sur la terre à me souvenir qu'elle a été." On retrouve ce même souci du destin anonyme et oublié quand l'auteur mentionne Morita qui a suivi Mishima dans la mort sans que l'Histoire retienne son nom. Mais après tout : "les vivants sont souvent aussi évanescents que des morts."

Par rapport au Japon, j'ai eu envie de me plonger dans les livres de Tanizaki et j'en ai commandé quelques-uns. L'évocation des tatouages à même la peau, avec de la dentelle, m'a un peu rappelé Ad Vitam aeternam de Jonquet, autre roman sur la souffrance, le masochisme et la mort, mais la vision de Marguerite Yourcenar, tout imprégnée de sa volonté de plénitude et de sa connaissance intime de l'Orient, est bien différente, parvenant à éclipser le sadisme sous l'esthétisme.

Le livre refermé, on ressent finalement le désir de s'ouvrir au monde à travers les voyages, la lecture ou l'Art.


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1 mars 2014

La légende de Kerfite de Benjamin G. et Yvan Postel

b28813984f_Kefite  Dès que j'ai vu la couverture de la Légende de Kerfite dans le catalogue de Nats editions, j'ai voulu découvrir cette bande dessinée. La bouille des nounours, sans doute, en position centrale sur la couverture. Celui qui est derrière paraît se demander ce qui lui arrive ou ce qui va lui arriver. A la lecture, ce ne sont pas des nounours, mais des nimbos. Ils se révèlent plutôt des cousins éloignés des Ewoks. Ils vivent sur leur planète, Tyris, dans le grand désert de neige.

   J'aimais bien les gentils Ewoks quand j'étais petite. On ne les voit pourtant pas beaucoup dans Star Wars, mais les personnages ont été assez marquants pour s'illustrer ensuite dans une série animée. Avec les nimbos, on découvre une mythologie un peu différente, mais les personnages sont tout aussi attachants que l'étaient les Ewoks. Le trait d'Yvan Postel y est pour beaucoup : également illustrateur de Boule de neige, album jeunesse sorti récemment chez Nats editions, il sait rendre ses personnages immédiatement sympathiques. Du coup, on les suit. On se demande où vont les mener leurs aventures. Mais on se doute, en regardant la couverture, qu'elles ne seront pas de tout repos... Benjamin G., le scénariste, a su créer toute une mythologie : les nimbos ont leurs montures (originales), leur boisson et leurs coutumes. Il y a d'ailleurs bien plus que deux nimbos dans les 47 planches que compte l'album, mais je ne veux pas casser le suspense. ^^ Les Ikokoys, leurs ennemis jurés, ont aussi leur légende. L'histoire se termine sur un cliffhanger : pour le coup, je m'y attendais. L'ensemble se lit bien et est adapté à un public de 7 à 77 ans. Je pense que les enfants s'attacheront vite aux deux héros et à leurs copains. Le côté s-f, légendaire, fait que cette bande dessinée peut aussi s'adresser à des adultes. Il y a aussi quelques passages comiques, quelques personnages secondaires qu'on rencontre au fil des pages.


    Au final, une belle découverte. Je vous laisse découvrir quelques illustrations d'Yvan Postel (et notamment la couverture de Boule de neige, avec des petits bonhommes tout aussi sympathiques que les nimbos, mais devant un ciel bleu beaucoup moins angoissant. Logique ! On n'est pas dans le même univers ! ^^ ) :

 

9783944812649                        

kerfite               Et si vous voulez en savoir plus, n'hésitez pas  à aller sur le site de Nats editions.

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4 février 2014

Les apparences de Gillian Flynn

cvt_Les-Apparences_4079  Je suis malade depuis quelques jours et l'avantage (s'il faut en voir un...), c'est que pendant le temps que je reste au lit, je peux lire.

       J'ai donc entrepris samedi la lecture des Apparences de Gillian Flynn (689 pages si on compte les 4 pages de remerciements à la fin).

       J'avais longtemps hésité avant de le lire. Les prénoms des deux personnages principaux, Nick et Amy, me laissaient présager le pire. De fait, c'est un couple "Ken (avec une fossette sur le menton) et Barbie". Le stéréotype n'est même pas esquivé. Mais la façon de raconter est originale : un chapitre nous fait suivre les pensées de Nick, le suivant, le journal d'Amy qui écrit des tests de personnalité pour les magazines (Réponses : A/ B/ C/ D/). Amy est un drôle de personnage. Au départ, on pense à une jeune femme superficielle, puis à Carrie Bradshaw (la trentenaire qui cherche son Mr Big). De fait, Nick serait plus Aidan dans Sex in the City : il emmène Amy, la New-Yorkaise, dans son Missouri natal, sur les berges du fleuve Mississipi... On se doute bien qu'elle va perdre ses repères. Puis on découvre progressivement que Nick est un méchant, un rustre, un mari violent, et qu'Amy, au départ si superficielle, se sacrifie pour son mari, pour ses parents (qui ont bâti leur fortune sur elle à travers une série de livres pour enfants : "l'épatante Amy"), pour ceux qui l'entourent. Son mari la néglige alors qu'elle est si bonne. On a tendance à prendre fait et cause pour elle. Et voici qu'un beau jour, Amy disparaît...Nick l'a-t-il tuée ?

       Pendant toute cette première partie, bizarrement, je me suis un peu ennuyée. Je comprenais que ça ait plu aux lectrices de "Elle". Je trouvais le roman très féministe, avec un portrait-charge du mari. Mais je me demandais surtout s'il allait y avoir volte-face, si "les apparences" du titre allaient s'effondrer et comment l'auteur allait s'y prendre pour casser cette routine conjugale : mari méchant, épouse soumise. Je le pressentais et même si à un moment, j'ai eu envie d'arrêter ma lecture, j'ai continué, sûre qu'il allait y avoir un nouveau départ, que tout ce que je lisais n'était que les "apparences" du titre. Et bien... Je n'ai pas été déçue ! Le roman, vers son milieu, prend effectivement un nouveau virage, et c'était encore mieux que ce à quoi je m'attendais (même si je le pressentais). Angoissant ? Sans doute pas. Retors à souhait, imaginatif (700 pages d'action alors qu'il n'y a que deux personnages principaux et peu de meurtres), le roman s'avère diablement distrayant. Amy a un petit côté Nelly Olson, finalement, qui m'a bien plu, alors que je la prenais initialement pour Carrie Bradshaw. Quant à Nick...
 
        Mais lisez-le ! Vous verrez que ça va bien au-delà des apparences. ^^

26 janvier 2014

Avant d'aller dormir de S. J. Watson

Une femme se réveille. Elle ne se souvient de rien, pas même de qui elle est :

"Je me retourne. Je vois un morceau de peau et des cheveux noirs, parsemés de gris. Un homme." (p.13)

dormirDès le début, toute l'intrigue est posée, son dénouement aussi. L'homme dit à l'héroïne qu'il est son mari et qu'elle est amnésique. On se doute qu'il lui ment, sinon on ne serait pas dans un thriller. On en a vite la confirmation :  "NE PAS FAIRE CONFIANCE A BEN" (p.48, en lettres capitales) Au niveau du suspense, c'est bizarre : je n'ai même pas eu besoin d'un spoiler pour deviner la fin.

De fait, le dénouement est convenu, attendu, mais heureusement, il n'arrive que 400 pages plus loin. On lit alors une cinquantaine de pages rythmées : du téléfilm américain cliché, avec beaucoup d'action, de la romance, des rebondissements...un feu d'artifice final peu profond, distrayant, mais tellement attendu que je l'ai trouvé ennuyeux.

Et pendant les 400 pages qui le précèdent ? Ma foi, c'est intéressant. L'héroïne oublie chaque nuit ce qu'elle a fait la veille. Pour suivre le déroulement de sa propre vie, elle tient un journal qu'elle retrouve chaque matin grâce au docteur Nash. C'est ainsi l'écrit qui la relie à elle-même. On perçoit l'importance de la mémoire, à quel point elle nous constitue, toutes les angoisses liées à sa perte. Cela crée aussi une impression de ressassement, puisque Christine Lucas se redécouve chaque jour, mais ce ressassement est lié à sa maladie. Finalement ce choix du journal intime, cette plongée dans l'inconscient est l'originalité du roman, ce qui fait qu'on le lit très vite, parce que l'héroïne enquête finalement sur elle-même.

Par conséquent :

- un thriller qui se lit vite ;

- le thème de l'amnésie est bien exploité ;

- l'auteur écrit un final grand public beaucoup moins original que ce qui le précède mais ça lui permet de plaire au plus grand nombre...De mon côté, c'est à cause de ces cinquante dernières pages que je prononce le verdict "Roman de plage".

24 novembre 2013

Mes nouvelles aventures !

Depuis quelque temps, je déserte un peu ce blog parce que je me suis lancée dans l'écriture :

- de poèmes tout d'abord. J'ai gagné quelques prix (prix Terpsichore 2013 du poème court, Flamme d'or 2013 de la prose poétique...), vu six poèmes publiés. On peut en lire un sur le site de Soc et Foc : "Bécasse alphabétique".

- des contes pour enfants ensuite.

4 projets vont prochainement être édités. Le premier sera "Plus tard" le 2 décembre (Nats éditions).

D'autres me tiennent à coeur comme celui avec Persilya (une super rencontre par ailleurs) : http://persilya.canalblog.com/

Du coup, j'ai créé un autre blog pour évoquer mes projets jeunesse : http://lectiole.blogspot.fr
Mais j'ai dû mal à le tenir à jour vu que justement, j'ai plein de projets (participation au Tandem Jeunesse avec Ursula Dejean).

Je pense donc de plus en plus à évoquer mes écrits sur ce blog-ci. ^^
Avec les catégories, j'espère que ça ne deviendra pas trop confus.

De même, j'aimerais créer une catégorie "Littérature jeunesse" car j'en lis beaucoup.
Bien sûr, comme j'aime également lire des romans noirs, ça risque de faire désordre, mais je ne pense pas avoir le temps de gérer plus d'un blog.

Et puis il sera plus animé si j'y évoque un peu tout. ^^

25 octobre 2013

L'enfant cachée de Loïc Dauvillier, Marc Lizano et Greg Salsedo.

Source: Externe

              De Loïc Dauvillier, j'avais déjà lu et apprécié Oliver Twist.
 

              Ici, ce n'est pas l'adaptation d'un roman, mais un récit qui parle de la Shoah à tous, y compris aux plus jeunes. Une vieille dame, Dounia, raconte à sa petite fille la deuxième guerre mondiale telle qu'elle l'a vécue. Le trait rond de Marc Lizano semble au départ contredire la noirceur des événements mais se révèle surtout apte à rendre compte de la tendresse de cette histoire familiale. Au premier plan, l'enfance, l'amour, l'humanité et ce, dès la couverture.  Ce qu'on découvre d'abord, c'est une petite fille, Elsa, et son doudou. Elle s'assoit sur les genoux de sa grand-mère qui lui raconte son enfance. Transmission, devoir de mémoire, mais surtout histoire qui pourrait être celle de n'importe quel enfant, qui est la nôtre.

               "Mais je me moquais de savoir qui avait gagné ou perdu."

               Comme dans la vie est belle de Benigni, les parents de l'enfant la lui présentent comme un jeu : l'étoile jaune devient une "étoile de shérif". Mais nulle exagération ici. La bande dessinée rend crédible cette association de la tendresse et de l'horreur, mise à distante mais pourtant nécessairement présente. Raconter la rafle du Vel d’hiv’ de juillet 1942 n'est pas facile. Les auteurs le font en laissant l'horreur à l'arrière-plan : c'est la vie qui prime dans cet album. C'est la voix d'un enfant s'adressant à d'autres enfants.

On peut difficilement ne pas aimer cette bande dessinée.

D'autres avis élogieux : chez Noukette ou ici

 

             

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