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Délivre des mots
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27 mai 2013

Au commencement était la vie de Joyce Carol Oates

oates_au_commencement_etait_la_vie1        De l'expérience des limites...

 

        Je l'ai lu il y a une semaine environ, mais je trouve seulement maintenant le temps d'écrire mon avis sur ce roman de 160 pages.

         Affichant le Portrait de fillette de Modigliani sur sa couverture, ce Folio n°3211 semble a priori bien inoffensif. Dédicace de Joyce Carol Oates : "Pour toutes les Kathleen." Quant à la quatrième de couverture : "Kathleen a onze ans. Sa mère vient de les quitter pour disparaître à jamais. Son père, dans une crise de démence, a battu à mort sa soeur Nola et blessé si grièvement Kathleen qu'elle doit être hospitalisée. Un mois d'hôpital avant l'Assistance publique. Un mois vécu comme un rêve interrompu. Ce rêve, elle croit le reprendre en devenant infirmière et pense trouver le bonheur dans l'amour qu'elle voue à un médecin.

Mais le destin, dans une infernale et implacable logique, va la ramener au commencement de sa vie marquée par l'abandon et la mort.

Un des romans les plus poignants de la grande romancière américaine."

 

    Vous allez vous demander pourquoi je prends le temps de copier ici l'intégralité du texte de la quatrième de couverture...C'est simple : j'estime qu'il y a tromperie sur la marchandise ! J'ai cru, en lisant la quatrième de couverture puis la dédicace, que j'allais lire un mélodrame. Je pensais avoir entre les mains un livre qui fait pleurer dans les chaumières, un roman reprenant la trame de Rémi sans famille ou de "Candy, Candy" et le mettant au goût du jour : plus triste, plus sordide, avec le style de Joyce Carol Oates en prime.


     Résultat : le style est là ; le sordide aussi, mais ça va même au delà du sordide. J'ai lu dernièrement bien des histoires  glauques, mais là, j'ai dû sauter des pages parce que ce petit Folio n'est vraiment pas inoffensif, en fin de compte. Peut-être avons-nous tous nos limites. Les miennes, ici, ont été franchies.

             On peut distinguer trois parties dans ce court récit, de longueur à peu près égale :

              1/ La petite fille battue. Là, on est dans le mélodrame pur et pendant les quarante premières pages, poignantes, j'avais envie de pleurer...Et puis volte-face ! Soudainement, ça glisse vers autre chose de plus malsain, d'insidueux. Je n'ai plus compris la dédicace. J'espère que les Kathleen ne sont pas légion...enfin, pas avec la spécificité de celle du roman.

              2/ L'adolescente placée dans une famille d'accueil. On retrouve la thématique de l'incendie chère à Joyce Carol Oates. Mais à part ça ? Glauque, très glauque, avec une fois encore la démonstration que tous les hommes sont des pervers et des violeurs en puissance. Mais pour ce qui est du mélodrame...Je l'avais déjà perdu de vue. Jeu de massacre et nausée, plutôt.

             3/ L'adulte à l'hôpital. Et là, c'est encore plus malsain. C'est clinique. Vous me direz : "Normal, ça se passe dans un hôpital !" Oui, et Kathleen prépare les défunts. Il y a même une description très détaillée, objective et chirurgicale du rite funéraire. Donc c'est bien glauque. Mais jusque là, ça allait...Je supportais. Sauf qu'ensuite, il y a encore eu une gradation. J'ai réprimé un vomissement et sauté plusieurs pages que je ne lirai jamais. 

          Je veux bien que Joyce Carol Oates ait voulu parodier des romans comme L'Infirmière Eileen en Alaska, que Kathleen Hennessy affectionne. J'ai compris qu'elle a réécrit ce type de roman sentimental à sa sauce, avec des bistouris et des hommes qui insultent de "grosse truie !" leur dulcinée. Mais...Trop c'est trop ! Et rétrospectivement, j'ai beaucoup de mal avec la dédicace.

           Si ça avait été ma première lecture d'un roman de Joyce Carol Oates, elle aurait aussi été ma dernière.

          

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