Murena : chapitre huitième "Revanche des cendres".
J'avais déjà consacré un article aux quatre premiers chapitres la série Murena de Jean Dufaux et Philippe Delaby. Malheureusement, le rythme de la série s'essouffle ensuite...Certes, les dessins de Delaby restent magnifiques, parfaitement colorés par Jérémy Pétiqueux mais on quitte Rome, on se rend en Gaule, on découvre de nouveaux personnages tels qu'Evix, et on a l'impression de s'éparpiller. Les scènes décrites sont également de plus en plus crues : violence, sexe, viol d'une vestale par Néron et l'affreux Massam, meurtres, scènes libertines : la bande dessinée n'est définitivement pas à mettre entre toutes les mains, et ces volumes en particulier. Quant à l'histoire d'Evix, de Balba et des druides fanatiques, je n'ai pas vraiment réussi à m'y intéresser. Au final, j'ai donc été déçue par l'ensemble : c'est toujours esthétiquement irréprochable, les corps d'Apollon et les paysages s'offrant comme autant d'œuvres d'art, mais au niveau de l'intrigue, j'avais l'impression que l'ensemble s'enlisait de plus en plus sous la Gaule enneigée.
Mais je viens de découvrir le chapitre huitième, "Revanche des cendres" : "Reste que ce ne fut pas une mince affaire que de traduire l'incendie de Rome sur presque tout un album." précisent les auteurs. On veut bien les croire. Mais cela a permis à la série de se recentrer sur Rome, de retrouver le souffle épique qui lui manquait. Cet album pourrait presque se lire indépendamment des autres, comme l'illustration la plus parfaite de l'incendie de Rome. Son personnage principal, le feu qui dévore cette réincarnation de Sodome et Gomorrhe, est superbement mis en images dans des images où les couleurs chaudes et orangées alternent avec les images grises, à l'image d'une situation politique qui mine les hommes. On pressent les châtiments dont vont être victimes les Chrétiens et on rencontre l'historien juif Flavius Josephe. Là où on se perdait dans les petites histoires, on retrouve la grande Histoire. Murena renaît de ces cendres-là, et cela laisse augurer un nouveau souffle épique. Tant mieux ! Cet album de transition permet de préparer une suite que j'attends avec impatience.