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27 novembre 2010

Les Visages de Jesse Kellerman.

Les_visages_kellerman_couv__1_  Sans doute l'un des meilleurs livres qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois, voire ces dernières années.

       L'auteur est né en 1978 : c'est son premier roman et pour un coup d'essai, c'est un coup de maître.

       D'une part, c'est un roman policier mais qui s'amuse des lois du genre, les tenant à distance. Le personnage principal, également narrateur, Ethan Muller, tient une galerie d'art à New-York : "Ce livre est peut-être un roman policier, mais moi, je ne suis pas policier. "Il découvre un jour, fasciné, les dessins de Victor Cracke, un immense puzzle fascinant, et les expose. Mais un policier retraité le contacte suite à une photo de l'exposition qu'il a vue dans le journal : les visages des chérubins, sur le dessin n°1 de Cracke, sont ceux d'enfants tués quarante ans auparavant, tous morts étranglés entre 1966 et 1967... On n'a jamais retrouvé le meurtrier. Dès lors, serait-ce Victor Cracke ? Mais qui est Victor Cracke ? Un dessinateur génial et monomaniaque, un tueur en série ou comme le dit son voisinage, une personne inoffensive qui ne ferait pas de mal à une mouche ? Dans tous les cas, le narrateur, qui ne le connaît pas, part à sa recherche tout en recevant des lettres de menaces...écrites par Victor Cracke ? Alors que les réflexions sur l'art contemporain jalonnent le roman, étalage d'érudition heureusement jamais gratuit, et que l'on avance vers la solution de l'énigme et la résolution du puzzle (celui du livre tout autant que celui, labyrinthique, des dessins), l'auteur multiplie les interludes. On suit ainsi l'histoire de Solomon Mueller, "marchand de couleurs" qui a parcouru l'est des Etats-Unis avec sa carriole avant de rencontrer Isaac Merritt Singer, un comédien qui aime les histoires et finit par fonder une entreprise de machines à coudre (l'anecdote est originale...mais réelle). On rencontre ensuite le petit-neveu de Solomon, Louis, homosexuel contraint de se marier avec Bertha, qui prend les affaires familiales en main. On suit cela comme une saga en marge de l'intrigue policière. Le tout est stylistiquement irréprochable, pastichant par exemple allègrement l'Ancien Testament : "Et Solomon Muller renaquit sous le nom de Solomon Muller.
     Et Solomon Muller engendra des filles qui épousèrent toutes de grosses fortunes. [...]
     Et le benjamin, Simon, engendra Walter qui devint comme un fils pour Solomon [...]
     Et Walter, fait de la même pâte que son oncle, engendra Louis.
     Et Louis engendra la consternation lorsqu'il fut découvert en train de se faire faire une fellation par un commis de cuisine." (Bravo, au passage, à la traductrice, Julie Sibony, pour avoir su rendre le style, changeant, sinueux, de Jesse Kellerman ! L'auteur pastiche, s'amuse, évoque Jean Dubuffet ou L'Enterrement du comte d'Orgaz. Les amateurs de polars purs et durs seront peut-être un peu déçus (où sont passés les pistolets ?), les amateurs d'histoires sentimentales également (c'est un peu là où le bât blesse ; Ethan Muller tombe amoureux de Samantha alors qu'il est en couple avec Marilyn, mais ça n'ajoute pas grand chose à l'intrigue et les pages à l'eau de rose sont les pages les plus ennuyeuses...), mais en attendant, ne boudons pas notre plaisir : c'est quand même diablement original, bien mené, et j'espère que l'auteur ne s'arrêtera pas là ! Il me tarde de lire un autre roman de Jesse Kellerman.

 

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Commentaires
S
Il est sur ma PAL depuis sa sortie... comme tant d'autres...
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