Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Délivre des mots
Délivre des mots
Publicité
Archives
5 août 2009

Darling de Jean Teulé

41W3_nuOm_LDu film au livre...

J'ai lu Darling pour deux raisons : je venais de lire le Montespan du même auteur ; j'ai vu le film Darling au cinéma lors de sa sortie. Un film qui met mal à l'aise, forcément. C'est adapté d'une histoire vraie qui ne semble pas vraie tant elle est moche et l'interprétation de Marina Foïs rend pourtant Darling belle, comme elle voulait l'être, et bouleversante.
Mais dans le livre, Darling n'est jamais belle, pas plus qu'elle ne l'était dans la réalité : elle veut que l'auteur la fasse belle, ce que le film permet. Mais j'ai mieux compris, à la lecture, pourquoi elle s'enthousiasmait autant parce que le type qui lui sert malheureusement de mari rentre dans du 36...Dans le roman, elle-même ne rentre assurément pas dans du 36.

De fait, dans le roman, le pathos est moins présent.
La vie de Darling est pourtant la même.
Mais le film est en deux parties : la jeunesse de Darling (alors surnommée Tartine) ; son calvaire suite à son mariage.
La division est moins sensible dans le roman. La fin laisse entrevoir une lueur d'espoir, absente du film.
En revanche, ce qui arrive aux enfants de Darling est plus horrible encore dans le roman : ce qui était juste insinué dans le film est dur à supporter à la lecture.
Ça tourne moins autour du personnage éponyme, plus autour de la noirceur du monde, dont elle rit d'une bouche édentée plutôt que d'en pleurer.
Bizarrement, le style de Jean Teulé évite le pathos. Ce qu'il raconte saisit, est choquant, mais le registre est celui de l'humour noir.
C'est cru aussi. Il y a des passages dans lesquels ça ne se justifie pas : quand Tartine connaît ses seuls moments de bonheur, à la boulangerie, sont évoqués "les bâtards gros comme des bites d'ânes" (?) ou "la petite queue [...] qui dépasse de la pâte comme un clitoris." Là, à ce moment précis du récit, c'est plutôt incongru. C'est comme dans le Montespan, d'ailleurs. Même les choses qui pourraient être belles sont éraflées au passage : Jean Teulé ne sait pas décrire ce qui est beau.
Mais comme Darling a une vie sordide, le style est cette fois plutôt approprié au contenu. Il évite qu'on s'apitoie (trop).
C'est quand même bien moche.

Comme le dit la préface, que l'auteur attribue à sa grand-mère :
"Que de misère sur terre,
tout ça pour finir en dessous."
Ça donne le la.


Publicité
Publicité
Commentaires
V
J'ai trouvé que la retranscription de l'histoire de Darling avait été faite avec beaucoup d'amour. La puissance des mots et des sentiments fait qu'on ne ressort pas indemne de ce genre de livre.
L
Teulé est un de mes auteurs préférés, et Darling un de ses livres qui m'a le plus touché. Bouleversant, surtout quand on sait que c'est une histoire vraie. Du même auteur, "Longues peines" qui parle de prison est magnifique aussi.
L
Je n'ai pas encore lu Ô Verlaine, mais j'ai retrouvé le même style dans Darling et dans le Montespan, à la différence que dans le Montespan, c'est plus romanesque, les personnages semblent plus nombreux même si l'un d'eux est central...Dans Darling, tout semble peser sur Darling, et comme c'est inspiré d'une histoire vraie, c'est encore plus dur à "encaisser".
P
J'ai lu Darling il y a déjà de très nombreuses années et je n'avais absolument pas aimé. Je n'en ai que de vagues souvenirs, des impressions plus exactement, mais j'avais peu apprécié le contenu comme le style pour autant que je m'en souvienne. C'est donc avec étonnement que j'ai réalisé, après avoir lu Je,François Villon, qu'il s'agissait bel et bien du même auteur! Aucun doute: j'adore le Teulé de Ô Verlaine et Le Montespan, mais pas celui de Darling. Etrange, non? ;)
L
Par rapport à le Montespan, l'écriture n'est pas vraiment différente. Par contre, j'ai commencé "Rainbow pour Rimbaud" et ça m'a l'air moins bien écrit, à première vue... :/
Publicité