L'obsession Vinci de Sophie Chauveau
La vie sexuelle de Léonard de Vinci.
J'ai eu beaucoup de mal à finir ce livre de 515 pages. Pourtant, après avoir lu le rêve Botticelli, j'étais dans de bonnes dispositions. Mais pour moi, Léonard, c'est le génie.
L'archétype du génie.
Les BD Léonard, avec Disciple.
Bien sûr, il a été jeune. Bien sûr, il a aimé, été aimé, eu une vie sexuelle.
Mais pour Sophie Chauveau, c'est surtout...un obsédé sexuel.
Et là, le mythe s'effondre.
Premier chapitre : Léonard est enfermé, suite à un procès pour sodomie. C'est un fait historique avéré. N'empêche : pourquoi commencer par là ? Rien de plus intéressant à raconter ? Sa naissance ? Pourquoi est-il devenu peintre, inventeur, génial ?
Deuxième chapitre : Le père de Léonard, notaire, étant fâché par l'homosexualité de son fils, le frappe dans les testicules.
Troisième chapitre : Léonard va se refaire une santé chez son oncle à la campagne. Comme il est devenu impuissant, il décide de ne plus être un homosexuel actif mais un homosexuel passif.
Et cetera...
Dans les chapitres suivants, Léonard va beaucoup au bordel. Toutes les nuits, plusieurs hommes.
Le jour, il galope. Léonard avait un cheval, Azul, et il était végétarien.
Un jour, Léonard a rencontré Salaï, un garçon de dix ans. Il s'est aperçu que le jeune garçon avait déjà une solide vie sexuelle derrière lui en le voyant faire une fellation. Alors Salaï est devenu le rabatteur de Léonard...
Pour le romantisme, on repassera.
Plus tard, l'auteur remet le couvert, quand Léonard rencontre un autre garçon de dix ans qui tombe tout de suite amoureux du quinquagénaire. Mais là, comme c'est le fils d'un noble, il ne le prend pas tout de suite à son service. Quand on retrouve Melzi dans le récit, il a quinze ans et Léonard ne l'a plus vu depuis huit ans, donc Melzi est tombé amoureux de Léonard à sept ans, pas à dix ans comme c'était écrit lors de leur première rencontre.
Pour la vraisemblance, on repassera.
Le seul moment où Léonard ne baise pas, c'est quand il rencontre Mona Lisa dont il tombe amoureux. Un amour platonique, toutefois, qui vient, il faut l'admettre, comme un cheveu sur la soupe.
Quelques extraits qui donnent une idée du style et de la vision de l'auteur :
"Ses histoires salaces contre les grosses dames moches qui dévorent la chair fraîche des jeunes mâles mantouans font frémir la bande d'invertis de Léonard." (p.318)
"Parce qu'en baise comme en latin, Melzi est un as. Salaï est effondré. Melzi, ravi." (p.444)
"Léonard étudie, il peint, il baise..." (p. 447)
En plus, des passages entiers du rêve Botticelli sont intégralement recopiés.
L'auteur donne finalement la bibliographie qui lui a "ouvert l'imaginaire avec quelque chance de vraisemblance." Je vais aller voir du côté de cette bibliographie pour en apprendre plus sur la vie du génie Léonard.
Mais sa vraie vie.
Parce que la vraie vie, la vie réellement vécue, selon Proust, c'est la littérature.
Pour Léonard de Vinci, c'est pareil : sa vraie vie, c'est son oeuvre. J'attends qu'on me renseigne sur son oeuvre, pas qu'on fantasme sur sa vie sexuelle.
Il n'a même pas l'air d'un génie dans l'obsession Vinci, juste un obsédé qui voyage de ville en ville, de bordel en bordel.
"La chair est triste, hélas..."