L'occupation d'Annie Ernaux.
Loin du petit café-épicerie...
Il fut un temps où j'aimais bien lire l'oeuvre autobiographique d'Annie Ernaux : les armoires vides (son enfance, le café-épicerie, le monde de l'école si différent du monde de ses parents...), la place (son père), une femme (sa mère), la femme gelée (son mariage)... Des lectures que j'ai dû faire il y a plus de dix ans mais dont le souvenir reste vivace.
Puis j'ai lu Passion simple (celui qui s'ouvre sur la narratrice regardant un film porno crypté sur Canal +) et je me suis dit que l'auteur ne devait plus rien avoir d'intéressant à raconter, qu'extraire de sa vie le matériau de la narration conduit à une impasse quand le matériau manque.
Pourtant, récemment, j'ai lu un billet consacré à Annie Ernaux sur un blog, et cela m'a donné envie de retrouver cet auteur.
C'est ainsi que j'ai lu l'occupation, 76 pages, récit rédigé en mai-juin, septembre-octobre 2001.
L'homme qu'aimait Annie Ernaux, plus jeune qu'elle, l'a quittée pour une autre dont le souvenir l'obsède, l'occupe.
"Le plus extraordinaire dans la jalousie, c'est de peupler une ville, le monde, d'un être qu'on peut n'avoir jamais rencontré." (page 20)
Quelques belles phrases, quelques réflexions sur l'écriture, sur les mots, et pourtant...
Un peu comme Passion simple, l'occupation reste une oeuvre mineure dans la bibliographie d'Annie Ernaux.
Malheureusement.