Psychopolis et autres nouvelles de Ian McEwan.
Scabreux - "Compliqué", "qui présente des difficultés ou des risques", "qui est embarrassant à traiter, à évoquer", "qui risque d'offenser la pudeur, de choquer".
"Ian McEwan nous raconte des histoires scabreuses [...]." Ainsi commence la quatrième de couverture de ce petit livre qui contient trois nouvelles extraites du recueil Sous les draps et autres nouvelles (Folio n°3259) de Ian McEwan.
Je n'avais jamais rien lu de cet auteur, et il m'a semblé qu'un livre court et pas cher constituerait une bonne entrée en matière.
Au bout de quelques pages, on comprend l'art de ce romancier : faire naître le malaise chez son lecteur.
Le malaise est en effet permanent : de page en page, on se demande où l'auteur veut en venir. C'est à la fois destabilisant, déroutant, fascinant. Quelque chose est là, tapi sous les mots, qui provoque une certaine gêne. Ce n'est d'ailleurs pas l'histoire racontée qui prime. C'est davantage ce que la focalisation interne laisse dans l'ombre : le personnage principal ne voit pas tout, et le lecteur devine, en comprend plus que ce qu'il lit, tout en percevant très bien que le romancier joue à un étrange jeu du chat et de la souris, et que la souris ici n'est pas tant son personnage que son lecteur.
Trois nouvelles donc. La première, "Masques", est sans doute la plus destabilisante, et, de fait, la plus réussie : tout se joue dans les coulisses. Quand finalement, les coulisses submergent la scène principale, on se demande si l'on comprend vraiment, si l'on n'est pas victime des hallucinations du narrateur, qui est ivre, confond tout, mélange tout. Le malaise est prégnant, souterrain.
La deuxième nouvelle, "Pornographie", est moins intéressante. Le lecteur ne baigne pas dans le sous-entendu pendant la narration, mais sait que le pire a lieu après celle-ci...
Enfin, "Psychopolis" est une tentative intéressante pour faire sourdre le malaise de la description d'une ville, Los Angeles, mais l'essai laisse un goût d'inachevé.