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Délivre des mots
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4 juillet 2009

Entre les murs de François Bégaudeau.

51_2Je n'ai pas vu le film, palme d'or à Cannes.
Ça en impose.
Mais je viens de finir le livre.

 

Il relate une année scolaire, du jour de la rentrée au dernier jour de l'année.
La dernière phrase est la suivante : "Baidi sautillait pour divertir son énergie." (Qui est Baidi ? On n'en sait rien. Euh...C'est ça, la fin ? Ben oui...Les élèves jouent au foot, et puis voilà, quoi...)

 

Du coup, pendant ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au début de la petite marchande de prose de Pennac, quand la reine Zabo s'exclame : "Un type qui écrit des phrases du genre "Pitié ! hoqueta-t-il à reculons", ou qui croit faire de l'humour en appelant Farfouillettes les Galeries Lafayette, et qui remet ça six fois de suite, imperturbable [...], de quel genre de maladie prénatale souffre-t-il, Malaussène, vous pouvez me le dire ?"
La reine Zabo, éditrice de génie, avait refusé le manuscrit.
Entre les murs a bel et bien été publié. J'ai ri parfois, mais moins du signifié que du signifiant.

À chaque pages sont mentionnées au choix les boucles d'oreilles des élèves ainsi que la couleur des dites boucles d'oreilles (on s'en moque ? Euh...Ça doit bien avoir une importance, puisque c'est là.), les bourrelets de Sandra (lors de leur dernière mention, l'auteur s'autorise une comparaison : le nombril sur le bourrelet est semblable à un oeil...), les seins de Géraldine (c'est une collègue du narrateur. Ses petits seins sont sexys.), la marque ou le logo sur le sweat de tel ou tel élève.
En définitive, ces indications font du remplissage et ne servent à rien. Pourtant, quand une élève refuse d'acheter le livre demandé par son professeur, l'auteur-narrateur, on s'attend à ce que celui-ci rappelle qu'elle achète des sweats avec des marques et des logos, ou des boucles d'oreilles en or, qu'il fasse quelque chose de toutes les annotations éparses lues précédemment. Même pas. Il objecte à l'élève qu'elle achète des kebabs tous les midis, donc elle peut acheter le livre, et l'élève lui répond qu'elle n'aime pas les kebabs. Fin de la discussion. Ça tombe à plat.

Quand les élèves lui demandent s'il est homosexuel, il rebondit pédagogiquement ; ça donne la phrase suivante :
"-Eh ben par exemple, dans "j'ai vendu ma voiture à un homosexuel", "à un homosexuel" est COI."
(Bien sûr, c'est COS, mais on n'en est pas à une faute près. D'ailleurs, l'auteur rappelle qu'il ne faut jamais oublier le ne de la négation à l'écrit, qu'il faut se relire, et page 99 de l'édition Folio, on trouve "on a plus le temps.")
Mais pourquoi se relire quand on est écrivain ?

"En tant que CPE, Serge en savait davantage.
- En tant que CPE, je peux peut-être en dire davantage." (p.111, tel quel dans le texte.)

"Rachel avait de tout petits pieds dans ses tongues rose érotiques." (p.273)

Quant au moment où une élève vient dire à son professeur qu'elle a lu la République de Platon que lui a prêté sa soeur aînée...:o)) Un grand moment !
Le professeur conclut : "C'est bizarre parce que c'est pas fait pour les pétasses d'habitude, ce livre !"

Il y a aussi l'orange qui pourrit dans le casier du professeur (le soir, dans la salle des professeurs devenue obscure, il retrouve son casier grâce à l'odeur : ça économise de l'énergie !), l'impossibilité de faire des photocopies recto-verso, les élèves traités d'"imbéciles" et qui disent au prof "Vous charriez trop m'sieur.", les explications étranges aux élèves qui lui demandent ce qu'est l'Autriche (leur collège s'appelle pourtant Mozart, apprend-on plus tard) : "Si une bombe rayait l'Autriche de la carte, personne s'en rendrait compte."

Du coup...palme d'or ? :o/
Le film serait-il mieux que le livre ?




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Commentaires
N
Pas lu le livre mais le film était intéressant, il montre bien la difficulté d'enseigner dans les collèges en difficulté. Quant à l'écrivain je ne le connais pas, je sais seulement qu'il est journaliste au magazine So Foot, ce qui n'est pas pour me déplaire...
K
Tu ne manques rien...
L
En fait, n'ayant pas eu l'occasion de voir l'auteur, je me suis uniquement fondée sur son livre pour écrire mon article...
K
J'ai lu le livre avant qu'on en parle tant, et j'ai vu le film hier. Je suis moins piquante que vous. Si l'auteur est puant, ça ne ressort ni du livre, ni du film, qui montre quand même les difficultés du métier, celles d'avoir des convictions qui ne tiennent pas une fois confrontées à la réalité, celles de trouver des solution (d'ailleurs ni le livre ni le film n'en proposent.) On voit aussi la solitude du prof, ses cas de conscience. Oui, ce prof me paraît un peu démago sur les bords, mais je crois surtout qu'il cherche des solutions, sans en trouver.
M
Un billet aussi indigné, ça fait du bien! Je ressens le même sentiment à l'égard de son livre!
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